Fin du 19ème siècle, les
frères Lumière créent le cinématographe, alors que Bram Stocker
écrit à la même période "Dracula". Dés 1909, les
vampires, en noir et blanc, se propagent au cinéma muet de l'époque
et ne cesseront d'effrayer et de fasciner le public jusqu'à
aujourd'hui. Il est d'ailleurs à noter que le fantasme de la "Vamp",
femme fatale, ensorceleuse et séductrice, vient littéralement du
vampire.
Allemagne, 1922, Murnau
s'inspire directement du "Dracula" de Stocker pour son
"Nosferatu" (mais n'a pas obtenu les droits pour conserver
les noms du roman). Le vampire est monstrueux et la mise en scène
géniale, avec notamment, l'utilisation d'images en négatif pour une
scène devenue mythique. C'est grâce à Murnau que le vampire gagne
ses caractéristiques principales au cinéma : créature de la nuit
craignant le soleil (c'est la première fois qu'est évoqué la
mortalité du vampire aux rayons du soleil, ce qui est différent du
roman "Dracula" ou le vampire est seulement plus vulnérable
en journée), cercueil, et attirance pour des belles victimes
féminines, que le vampire peut envouter.
C'est en 1931 que le roman
de Stocker sera véritablement adapté au cinéma, par Tod Browning,
avec Bella Lugosi dans le rôle titre. Il est à noter que c'est le
premier film parlant dans ce domaine. Lugosi sera à jamais "Le"
Dracula du cinéma. Après avoir connu une popularité énorme dans
les années 1930, puis le désintérêt de tous, et n’ayant pu se
recycler dans aucun autre rôle, Bela Lugosi tombe dans la
dépression, abuse de la morphine et finit même par dormir dans un
cercueil, avant de mourir en 1956, complètement oublié par le
public.
Alors que sonne le glas
pour les vampires américains, le mythe retraverse l'atlantique et
Dracula débarque en Angleterre, avec la technicolor et le studio
Hammer !
En 1957, Christopher Lee
est repéré pour sa grande taille qui, de défaut (jusque là il ne
trouvait pas de rôle principal à cause de cela), devient un atout
majeur, et joue d'abord la créature de Frankenstein dans le film du
même titre. En 1958, il est révélé dans son plus grand rôle "Le
cauchemar de Dracula", qui reste aussi une des plus belles
interprétation du roman de Stocker avec celui de Coppola. Il
reprendra le rôle de Dracula à dix reprises, pas toujours avec le
même succès.
Encore une fois , le
mythe s'épuise. Roman Polanski rend un bel hommage à la Hammer avec
"Le bal des vampires" en 1967 (c’est son 4éme
long-métrage), parodie hilarante qui exploite tous les éléments du
folklore vampirique : Transylvanie neigeuse, gousses d’ail aux
portes, Van Helsing décoiffé, comte Dracula aristocrate et
envoûtant, sans oublier de belles et innocentes villageoises. Le
personnage principal, interprété par le réalisateur Polanski, est
l’assistant froussard et incapable de Van Helsing.
Une dizaine d'années
passent encore, avec quelques productions médiocres, qui ne
retiendront pas l'attention... A noter cependant, le remake de
"Nosferatu" en 1979, par Werner Herzog avec un Klaus Kinski
criant de vérité, et la belle Isabelle Adjani. En utilisant la
musique de Wagner et de nombreuses références à la peinture,
Herzog identifie le vampire à une créature non seulement
romantique, mais issue du romantisme. Plongée dans le patrimoine
cinématographique allemand, cette relecture fidèle (quasiment plan
par plan le film de Murnau) surprend : Herzog livre un film très
lent, aux couleurs pastel, semblant ne pas se soucier des
possibilités techniques qui lui sont offertes.
En 1983, un film étrange
et sulfureux aborde le thème des vampires : "Les prédateurs"
avec Catherine Deneuve et David Bowie. Mal accueilli à sa sortie par
la critique et le public (surtout aux Etats-Unis), le film s'est bâti
au fil des années une réputation de film culte, mélangeant
vampirisme, amour saphique, et atmosphère gothique.
La fin des années 80
signe le retour des vampires aux USA avec de nouvelles
interprétations du mythe.
En 1987, sortent "Aux
frontières de l'aube" et "Génération perdue" qui
relancent l'intérêt pour les films mettant en scène des vampires
et de jeunes adultes, thèmes récurrents de notre époque. Ces films
sont beaucoup plus modernes que les précédents à ce sujet et
visent à attirer un plus large public. Malheureusement , trop ancrés
dans les années 80/90, ils ont tendance à mal vieillir...
En 1992, Coppola
s'approprie le mythe et tente de revenir aux sources de la légende
de Dracula. Son scénario est ainsi fidèle à l'œuvre écrite par
Bram Stoker et s'éloigne des clichés des versions
cinématographiques précédentes. En revanche, l'une de ses
originalités par rapport au livre a été l'introduction d'un
certain érotisme qui fut critiqué lors de la sortie du film. De
plus, Coppola fait de Dracula un vrai héros romantique et accentue
l'histoire d'amour avec Mina, qui sera le symbole de la rédemption
du vampire.
Autre film culte de la
même époque : "Entretien avec un vampire", tiré du roman
de Anne Rice, en 1994. Réalisé par Neil Jordan, le casting
rassemble Tom Cruise, Brad Pitt, Antonio Banderas et Christian
Slater. Au début, Anne Rice n’était pas très emballée par cette
brochette de play-boys mais a tout de même accepté d’écrire le
scénario. Le film fut un succès retentissant à son tour et a gagné
de nombreuses récompenses. Il a même relancé les ventes du roman
qui s’est retrouvé dans la liste des bestsellers. La suite du
roman a également été adapté sous le nom "La Reine des
Damnés", avec l'acteur français Vincent Perez.
La fin du siècle et
l'avènement du nouveau est celui des créatures de la nuit : films,
séries, livres... Les vampires comme les loups garous ont le vent en
poupe ! D'icône de l'horreur avec Bram Stoker, le vampire est devenu
sulfureux et capable de sentiments, symbole de la libération des
tabous et de la sexualité débridée avec Anne Rice. Au contraire,
avec Stephenie Meyer et la série "Twilight", le vampire
est présenté comme chaste et pudibond, ce qui, d'après Alain
Pozzuoli, « vide le mythe vampirique de sa substance »...
A voir également pour
leur originalité, mais aussi pour le respect des "codes"
vampiriques, les trilogies "Blade" (l'un des seuls vampire
noir du cinéma et champion de baston) et "Underworld"
(avec un +++ pour le 3ème film et préquel de la série, qui a des
couleurs et des décors somptueux), ainsi que le film "Van
Helsing" (2004).
On notera, pour finir,
quelques films originaux, comme "Je suis une légende" où
le vampirisme est un virus de fin du monde, ou le film suédois
"Morse", réalisé par Tomas Alfredson en 2008, et son
remake américain de 2010, "Laisse-moi entrer" de Matt
Reeves.
En conclusion , il est bon
de noter que la plupart des bons films de vampires sont tirés avant
tout de bons romans qu'il ne faut pas manquer de lire ...
Et je compte bien vous faire partager ultérieurement quelques critiques de livres et de films de façon plus approfondie...
Vampiriquement vôtre,
Korydwenn
références :
http://www.fluctuat.net/5895-Histoire-des-vampires-au-cinema
+ allociné et wikipédia